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Le château d'Abin
 
 

Abin est un hâmeau situé sur la commune de Saint Genest (86), lequel tire son nom d'un étang appelé au XIIIe siècle l'Estang d'Aboig. On relève ainsi plusieurs noms de 1280 à 1758 (carte de Cassini) :

    • Estang de Aboig en 1280 (cartulaire de Fontevrault)
    • Aboing en 1439 (terrier de Gironde)
    • Hostel d'Aboain en 1462 (Couvent de Lencloître)
    • Aboyn, Auboyn en 1474 (seigneurie de Puygareau)
    • Abayn en 1484
    • Abouin en 1555 (couvent de Lencloître)
    • Abin en 1703 (fief d'Abin)
    • Habin en 1758 (carte de Cassini

    Il s'agit d'un ancien fief avec droit de haute justice relevant du duché de Châtellerault. Le Vieux Coustumier de Poictou régissait ainsi le droit de haute justice : "(article 1) tenir sa justice c'est assavoir forches patibulaires pour pandre et exécuter maulfaicteurs et peut porter bannières....(article 2) banir les delinquans et rappeler sans autre restitution de leur saisine, et sans remectre ne muher cas criminel où il y a paine de mort et aultre paine que de mort. C'est ce que l'on nomme le droit de juridiction.

    "article 8 : - Celluy qui a haulte justice en aucun lieu est fondé d'avoir en icelluy la moyenne et la basse, et peut lesdictes justices exercer si aultre ne les y a par convenance ou usance au contraire. Et peut tout hault justicier avoir et tenir sa justice à forches patibulaires à deux piez ou pilliers, et avoir sa prison et seps à mectre les delinquans. Et ne peut mectre ledit hault justicier ne le comte, vicomte baron ou chastellain lesdictes forches patibulaires en dommaine de son subgiect sans son consentement.

    "article 9 : - Le seigneur qui a haulte justice, soit seigneur chastellain ou autre, ne peut contraindre ses hommes rousturiers ne aultres à garder les prisonniers en sa prison ne aultrement; mais il peut bien contraindre ses hommes rousturiers à aller veoir l'exécution des prisonniers. Et si lesditz hommes defaillent au cry ou commandement qui leur en sera fait, ledit seigneur les peut mectre et traire à amande jusques à soixante solz tournois, c'est assavoir ceulx qui le cry pevent comprendre, comme les hommes d'une ville ou d'un bourg"

    "article12 : - Quinconques a jurisdicion est fondé de povoir tenir assise combien que aultreffoiz ne l'eust tenue, excepté en la chastellenie de Thouars....

    "article 13 : -Tout seigneur qui a droit de chastellenie peut faire tenir sa grant assise quatre foiz l'an et non plus, et sa petite assise, prévosté ou plaiz par chacun moys ou par chascune quinzaine ou huitesne ainsi qu'il est accoustumé.

    Bien que la carte de Cassini de 1758 montre les emplacements des fourches patibulaires, où avaient lieu les exécutions, on n'en trouve aucune à Abin. Ce droit n'était plus exercé localement à cette date par les Poussineau.

    A chaque changement de seigneurs, une déclaration de foi et hommage avec paiement des droits afférents étaient dus.

    Ainsi on relève notamment au Bureau des Finances de la Généralité de Poitiers pour la période 1676-1774 une déclaration d'hommage et aveux au roi à cause de son duché de Châtellerault, par Charles Poussineau pour le fief d'Abin, paroisse de Saint Genest.

    L'étang d'Abin a donné lieu à la construction d'un château, que l'on peut dater du 14e siècle, à raison des tours médiévales jumelles de l'une de ses façades. A ce premier corps de bâtiment une seconde construction datant du XVIIe est venue compléter l'ensemble actuel resté intact, avec sa chapelle et ses douves alimentées par un ruisseau.

    Les principaux propriétaires ont été :

      • La famille de Cursay jusqu'au début du XVIe
      • La famille de Crouail jusqu'au milieu du XVIIe
      • La famille Poussineau jusqu'en 1842 année du décès de Louis Poussineau
      • La famille Chéron jusqu'en 1965
      • M.Proust de 1965 à 1968
      • La famille Lombard et Unternährer depuis 1968

      Abin a donné son nom à un patronyme ayant vécu dans le hâmeau. Ainsi on relève sur le registre NMD de Saint Genest un acte du 7 thermidor An 5 (25/07/1797) où Louis d'Abin 33 ans est témoin au mariage du sabotier Joseph Delechelle (35 ans) avec Jeanne Amiet (29 ans). Jeanne Amiet a eu sa parente Geneviève 26 ans, née en 1768 à Vendeuvre (86), guillotinée le 8 messidor AN II (26/06/1794) à la Barrière du Trône à Paris, condamnée comme contre révolutionnaire (dossier W135). Elle est inhumée au cimetière de Picpus à Paris.

      Ce même Louis d'Abin, alors âgé de 28 ans, figure aussi sur le registre NMD de 1793 à la date du 20 février à propos de son mariage avec Magdeleine Huguet 23 ans. Il signe clairement et lisiblement "dabin" et a déclaré la profession de journalier.

      Ainsi, d'un étang, sont issus un château et des hommes


 
   
 
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